Compléments sur "L'Europe, un espace en recomposition"

  • Une Europe, deux destins


I. une Europe de l'Est soviétisée


 

Dès la fin de la IIGM, les pays d'Europe de l'Est deviennent des démocraties populaires et se calquent sur le modèle soviétique stalinien : un système de parti unique, communiste, qui détient tous les pouvoirs et une idéologie qui n'accepte aucune critique = dictature.

Tout dirigeant jugé insuffisamment « soumis » à la personne de Staline est jugé et condamné lors de procès truqués. Partout, la population est étroitement surveillée par la police politique qui contrôle également les médias et les syndicats.

L'économie est étatisée : les terres sont collectivisées, les industries et le commerce sont nationalisés. La planification privilégie l'industrie lourde, tandis que les échanges se font exclusivement au sein du CAEM (1949) au profit de l'URSS, après la spécialisation des économies nationales (1962).

L'absence de libertés, les conditions de travail, la pénurie de produits de consommation courante...créent un mécontentement croissant : la mort de Staline en 1953 et la « déstalinisation » entreprise par son successeur Khrouchtchev voient ainsi se manifester de nombreuses révoltes : les chars soviétiques écrasent la manifestation ouvrière à Berlin-est (été 53) ; en Hongrie (56), ils répriment la révolte de Budapest dont le nouveau dirigeant avait annoncé le multipartisme et le retrait de son pays du pacte de Varsovie ; idem en Tchécoslovaquie (68) lors du « printemps de Prague ».

 

II. une Europe de l'Ouest en construction


 

De leur côté, les Etats d'Europe occidentale cherchent à s'unir afin d'éviter à nouveau un conflit et de développer leurs économies. Le congrès de La Haye (1948) réunit ces « Européistes » divisés cependant sur la méthode à employer : ainsi, les « fédéralistes » recherchent une communauté, tandis que « les unionistes » veulent se limiter à une coopération qui préserve la souveraineté nationale de chacun.

Les E.-U. créent l'OECE (organisation européenne de coopération économique, 1948) pour répartir l'aide américaine du plan Marshall. En 1951 nait la CECA  (communauté européenne du charbon et de l'acier -rôle de R. Schumann et J. Monnet) tandis que la France rejette le projet de la CED en 1954 (communauté européenne de défense). La signature du Traité de Rome (1957) relance la construction européenne : les 6 pays membres de la CECA (France, RFA, Italie et Benelux) se réunissent au sein de la CEE (communauté économique européenne). Il s'agit d'un marché commun où doivent circuler librement hommes, capitaux et marchandises.

La réussite de la CEE favorise alors son élargissement à d'autres pays : R-U, Irlande et Danemark (1973), Grèce (1980), Espagne et Portugal (1985). Des politiques communes sont mises en place (agriculture (PAC, 1962), transports, nucléaire(Euratom)) et des institutions sont créées (Conseil européen et Commission en 1974, puis en 1979 le Parlement européen élu au SUD).

 

III. Une Europe au delà des blocs


 

Durant « la Détente » entre les 2 Grands, les 2 Europe ont parfois pu renouer le dialogue : ainsi, la France de De Gaulle a intensifié ses contacts avec l'Est : De Gaulle s'est rendu en Pologne et en Roumanie et a fait la promotion d'une Europe des nations qui s'étendrait « de l'Atlantique à l'Oural ». L'usine automobile italienne Fiat s'est installée avec d'autres en Yougoslavie, en Tchécoslovaquie... La RFA du chancelier W.Brandt conduit une « Ostpolitik » et signe des accords de coopération avec la Pologne, la Tchécoslovaquie et les 2 Allemagne signent « le Traité fondamental » en 1972 qui établit des relations diplomatiques entre les 2 pays. En 1975, la CEE obtient de l'URSS la reconnaissance des droits de l'homme et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes lors de la conférence de Helsinki.


  • De l'effondrement du bloc de l'Est à une Europe recomposée

 

I. La contestation des années 80


Les opposants à la domination soviétique s'organisent et revendiquent le respect des principes démocratiques affirmés à Helsinki (1975). La Pologne prend la tête de la contestation à travers l'action de l'archevêque de Cracovie élu Pape en 1978 (Jean-Paul II) et du syndicat « Solidarnosc » dirigé par Lech Walesa, élu prix Nobel de la paix en 1983.

De son côté, la CEE soutient ces mouvements démocrates et adopte une position ferme vis à vis de l'URSS dans la crise des euromissiles. De plus, en intégrant l'Espagne et le Portugal, anciennes dictatures, elle se montre comme un modèle de stabilité politique et de prospérité économique.

L'arrivée au pouvoir de M. Gorbatchev (1985) en URSS et ses réformes entraînent une libéralisation et une démocratisation de la vie politique. Le 2 mai 89, la Hongrie ouvre ses frontières avec l'Autriche : de nombreux Est-allemands en profitent pour passer à l'ouest. En juin, Solidarnosc remporte les élections en Pologne. Le 9 novembre, le mur de Berlin cède sous la pression populaire. En décembre, la « révolution de velours » balaie les communistes en Tchécoslovaquie, bientôt divisée en 2 États (1992), tandis qu'en Roumanie, le dictateur Ceaucescu est exécuté.

C'est donc la fin de la guerre froide avec la réunification de l'Allemagne en octobre 1990 et la disparition de l'URSS, du CAEM et du Pacte de Varsovie en 1991, malgré les tentatives de maintien de son dirigeant.

 

II. La nouvelle Europe


Le réveil des nationalismes conduit à de nouvelles frontières avec notamment le conflit yougoslave ( 1991-95) caractérisé par la purification ethnique menée par les Serbes. 

Les PECO (pays d'Europe Centrale et Orientale) s'engagent dans la voie de la démocratisation et adoptent progressivement l'économie de marché dans le but d'intégrer la CEE, soutenus par la banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD, 1990). En 1992, le traité de Maastricht prévoit la création d'une monnaie unique (euro en 2002), pose les bases d'une citoyenneté européenne et d'une politique étrangère de sécurité commune. La CEE devient l'UE qui passe de 12 à 15 membres en 1995 (Autriche, Suède, Finlande) tandis qu'entre en vigueur l'espace Schengen.

En mai 2004 adhèrent 10 nouveaux pays (10 PECO + Chypre et Malte), puis en 2007 la Roumanie et la Bulgarie qui portent l'UE à 27 membres.

Les Européens de l'ouest craignent un afflux de main d'œuvre de l'est et des délocalisations vers ces pays moins développés. Ils contestent aussi la candidature de la Turquie. Pays-Bas et France refusent de ratifier le projet de Constitution européenne (2005) par crainte d'une Europe fédérale qui enlèverait une grande part de leur souveraineté aux États de l'Union …

L'UE regroupe près de 500 millions d'habitants, est la 1ère puissance économique mondiale mais montre encore de profondes carences (absence de diplomatie et de défense communes, chômage élevé, attitude face aux EU, divergences sur l'évolution des institutions...) tandis que le traité de Lisbonne (2007) tente de relancer l'intégration européenne.

 

 

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