Mai 68, synthèse

  • À l'origine, une crise étudiante (chronologie)


    Les évènements de Mai 68 sont nés d'une crise étudiante. Inspirés par des groupes gauchistes, les étudiants dénoncent la sélection à l'université et les principes d'autorité qui régissent la vie politique et économique. Très vite, des incidents éclatent dans les facultés de Nanterre et de la Sorbonne.

    2 mai 1968: fermeture de Nanterre, élargissement du mouvement à l'ensemble du pays

    10 et 11 mai 1968: nuits d'émeutes entrainant une répression policière sévère

    Une crise sociale généralisée

    13 mai 1968: les syndicats et partis de gauche manifestent contre la répression. La grève est générale, les ouvriers soutiennent les étudiants et revendiquent de meilleures conditions de travail (= mécontentement de la population).

    27 mai 1968: signature des accords de Grenelle entre les syndicats et le patronat. Ils prévoient notamment une augmentation des salaires et tendent à parvenir à une plus grande justice sociale, mais sont refusés par la base dans de nombreuses entreprises, d'où la poursuite de la grève.

    Une crise désormais politique

    27 mai 1968: grand rassemblement de la gauche au stade Charléty à Paris

    28 mai 1968: Mittérand se déclare prêt à assurer la succession de De Gaulle (9 M de grévistes recensés, soit 45% de la population active)

    29 mai 1968: De Gaulle disparaît en Allemagne, à Baden-Baden où il consulte le Gal Massu afin de s'assurer son soutien en cas de difficultés

    30 mai 1968: De Gaulle annonce à la radio la dissolution de l'Assemblée Nationale et menace de recourir à l'article 16 de la Constitution.

    La lassitude et la menace des violences entrainent une reprise progressive du travail.


    * Les revendications de la jeunesse

 

La fermeture de Nanterre le 2 Mai marque le début du mouvement étudiant qui gagne le Quartier Latin (évacuation de la Sorbonne le 3) et prend la forme d'émeutes (nuit des barricades le 10...) qui opposent les étudiants aux CRS. Les slogans « il est interdit d'interdire », « soyez réalistes, demandez l'impossible », « sous les pavés, la plage »... sont des révélateurs du mal-être de cette jeunesse issue du baby-boom qui ne se reconnaît pas dans la société de l'époque jugée trop autoritaire et paternaliste et incarnée par la personnalité de Gal De Gaulle, président français.

Les jeunes revendiquent un nouveau style de vie, le droit au plaisir et à la liberté.

Cette période de contestation permettra d'accélérer l'évolution des mœurs et en particulier l'émancipation de la femme et la libération sexuelle, ainsi qu'une réforme des universités.

 

 

       * Une dimension sociale

 

A partir du 13 Mai, les syndicats rejoignent le mouvement et les grèves de 1968 (environ 10 millions de grévistes, durant 3 semaines) restent les plus importantes de notre histoire. Toute activité économique du pays est paralysée. Les revendications portent sur les salaires, l'information du personnel, les relations au sein de l'entreprise, la formation, la durée du travail...

Les accords de Grenelle (27 Mai) accordent une hausse de salaire ainsi que le paiement des jours de grève, étend le droit syndical mais les autres revendications restent en partie insatisfaites.

 

 

       * Une dimension politique

 

Mai 68 exprime aussi un désir de changement politique : changement de gouvernement, voire de régime. Les gauchistes qui s'inspirent des révolutions russe (Lénine), chinoise (Mao) ou cubaine (Castro)..., les syndicats et les communistes souhaitent renverser le capitalisme mais l'explosion sociale de Mai 68 n'aboutira pas à une véritable flambée révolutionnaire, même si d'autres contestations s'observent aussi à l'étranger (Italie, Tchécoslovaquie, E-U...).

L'intervention du gouvernement français est assez tardive et laisse la Gauche penser que le pouvoir est vacant : Pompidou, 1er ministre, tente alors de désamorcer la crise sociale à partir du 24 Mai, tandis que De Gaulle est à l'étranger. A son retour, le président décide de dissoudre l'Assemblée Nationale (30 Mai) et est soutenu par une grande manifestation. Les législatives de Juin montrent un choix clair pour le retour à l'ordre avec une victoire éclatante des gaullistes. Cependant, De Gaulle lui-même est discrédité par cette crise qui l'a fragilisé et a montré l'usure de son pouvoir. Il se retire du pouvoir l'année suivante lors d'un référendum rejeté (projet de réformes : régionalisation et Sénat).

 

 

 

 

Mai 68, un événement qui bouscule l’État et la société

Dans la France des années 1960, la croissance économique forte et le plein-emploi masquent un mal-être profond qui explose en Mai 1968. L’agitation étudiante qui secoue l’Université est incontrôlable. À partir du 13 mai, les salariés cessent massivement le travail et occupent les lieux de travail. Les mots d’ordre étudiants et salariés dépassent très rapidement les revendications catégorielles pour contester le pouvoir politique et plus largement la société hiérarchisée. Malgré le rétablissement électoral des 23 et 30 juin, le pouvoir gaulliste est définitivement atteint par la crise.

 

 

 

La fin des années 1960, le temps de la contestation en France et dans le monde

1968 est la grande année des contestations des années 1960. Les États-Unis subissent un mouvement anti-guerre du Vietnam et anti-discriminations dans leur propre opinion publique et dans le monde entier, tandis que l’URSS doit, avec le printemps de Prague, affronter une contestation décisive de son mode de vie bureaucratique et policier. Plus largement, des mouvements étudiants, ouvriers, féministes et anti-impérialistes se développent partout dans le monde.

 

 

 

Mai 68, la fin d’une certaine forme d’autorité ?

Mai 1968 exprime une frustration générale de la société française face aux cadres anciens d’autorité. Des évolutions lourdes, comme l’urbanisation, l’industrialisation, l’allongement des études, le développement du salariat féminin, l’émergence de la jeunesse, se révèlent soudain à la société française. Toutes les figures d’autorité sont alors remises en cause : le mandarin universitaire et le médecin, le patron et le contremaître, le gouvernement et l’Église mais aussi le père et le mari. D’une manière générale, il s’agit de revendiquer plus de liberté pour l’individu, moins de contrôle formel ou social, plus de prise en charge individuelle de sa propre existence.

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